La Quête des Origines - Back to 640 !!!


Un seul être vous manque...

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D?abancourt. Rainier d?Abancourt s?est introduit dans la chambre nuptiale de feu Agathe et Oberyn. J?examine avec discrétion chaque recoin de la luxueuse pièce de l?ambassade Martell. Les draps froissés ? et non tachés-, les preuves de lutte? et le balcon d?où est tombé ma soeur en s?interposant entre son mari et son amant éconduit.
Qu?on me regarde ou non, je donne le spectacle qui convient à la situation : le déni du drame, les mains agrippants la rembarde, les yeux perdus dans le vide.
J?ai tellement pris l?habitude de rester maitre de mes émotions que j?ai l?impression de ne rien ressentir. Pourtant, l?absence définitive de ma jeune s?ur me laissera un vide indéniable. Le moment n?est pas aux atermoiements, le hasard ou la malchance n?ont sans doute rien à voir dans la mort d?Agathe.



« On a nous a rapporté que le fugitif avait passé la porte sud. Viendras-tu à sa poursuite ? »

J?acquiesce à Théodore d?un signe de tête.

Une fois dehors, alors que mon fidèle Klaus m?aide à monter à cheval, je lui désigne subrepticement quelques fenêtres des maisonnées avoisinantes que j?ai repéré depuis les hauteurs du balcon.

« Attends que nous soyons partis. Interroges les riverains, quelqu?un à du voir ou entendre quelque chose. Paies-les, secoues-les s?il le faut. Si tu n?as rien trouvé, écumes les bars et rapportes-moi les ragotages. »

Revenu à l?ambassade Shieldheart, je réveille personnellement Chaka pour qu?il se joignent à la chasse. Son cerveau fertile, alors qu?il est encore vaseux, enclenche une série de questions. J?y coupe court en lui disant que oui, quelque chose cloche et que j?attends de lui qu?il ouvre grand les yeux pour discerner le vrai du faux.

Quelques soldats nous accompagnent et Oberyn est rejoint par Aryon qui prend le temps de nous témoigner, à Théodore et moi, son soutien et son affection. Ténaris vient également à ma demande car ses talents de pistage sont avérés.

Malheureusement, dans l?agitation du départ, Théodore intercepte l?évocation des liens « privilégiés » qu?entretenait Agathe avec Rainier et me promet un conciliabule des plus tendus sur ce sujet. Le provoquant un peu, je ne concède aucun terrain devant sa sourde colère. En cet instant, il me fait penser à notre père, cherchant un bouc émissaire à ses propres faiblesses et manquements. C?est oublier que depuis le décès de notre mère, j?ai refusé d?être un souffre-douleur bien docile.

La poursuite nous emmène aux abords du lac. Aryon et deux hommes remontent le cours d?un affluent, prêtant au fugitif une man?uvre rusée pour semer ses poursuivants. Je n?y crois pas un instant, si Rainier était intelligent, il n?aurait pas fait irruption de façon si stupide cette nuit. Quand à fuir, il eut mieux valu faire galoper à sa place quelconque fidèle serviteur vêtu de ses frusques.

La suite me donne raison, nous retrouvons le fugitif, exténué et harassé, qui est rapidement encerclé.

Oberyn rosse un Rainier bafouillant quelques excuses confuses qui semblent confirmer son rôle dans le drame ou tout du moins, sa présence. J?entends Théodore chuchoter à Oberyn, comme pour abonder un jugement expéditif. Celui-ci a déjà sorti son épée du fourreau.

Durant la chevauchée, nous avions pu avec Chaka et Ténaris évoquer la troublante vraisemblance des évènements décrits. De fait, l?homme des steppes se tient prêt à agir pour empêcher une exécution sommaire.

J?entrevois les champs du possible : Oberyn levant son épée, Ténaris s?interposant. Rainier survit pour le moment. Mais ensuite, il sera placé dans des cachots, nous n?aurons pas accès à lui. On retrouvera Rainier « suicidé ». Nous n?y croyons pas bien sur, le mystère restera entier, les preuves que l?on nous cache disparaissent davantage. Nous cherchons inlassablement, nos investigations « dérangent » avec le risque qu?un de nous soit pris pour cible. En marge de cela, il est publiquement reproché à Ténaris son ingérence. Nous sommes séparés les uns des autres, ce qui complique davantage notre tâche oh combien ardu de prévenir la menace qui pèse sur le royaume?

« Non ! »

J?ai dégainé ma rapière face au bourreau. Elle fait pâle figure devant la large lame d?acier dans les mains d?Oberyn.

Théodore m?interpelle, il craint pour moi. Ténaris voit en moi un renfort pour sauver le fils d?Abancourt, pâle reflet de lui-même. Il pourrait faire pitié. Il pourrait.



Un filet de sang s?écoule de la bouche de Rainier d?Abancourt. Tel la flèche de la divinité de l?Amour Véritable, la pointe de mon épée d?escrime à transpercer son c?ur.

Chacun reste sans voix et stupéfait. Seul Ténaris a compris au dernier instant que j?allais contre toute attente tuer Rainier mais n?a pas été assez rapide. Il me regarde effaré.

Délogeant ma rapière en poussant le corps du pied, je me fends d?une grimace de dégout et d?un crachat.

La surprise générale passée, Chaka exprime ouvertement sa désapprobation eu égard à la justice du royaume. J?entends Théodore et Chaka lui intimer de rester à sa « place » tandis que je m?éloigne un peu en leur tournant le dos pour appuyer subrepticement mon palais avec le pouce afin de me faire vomir un peu.

En repartant, Théodore à un geste d?affection maladroit pour moi. Oberyn me témoigne d?une accolade sincère et par quelques mots une considération qu?il n?imaginait avoir pour moi un jour. J?acquiesce d?un regard soutenu en ajoutant que « personne ne peut s?en prendre à nos familles impunément. »

Ma voix est convaincue? mais je pense le contraire. Qu?importe, pour l?instant, il ne sert à rien de montrer notre suspicion concernant le déroulement de la sinistre scène qui a couté la vie d?Agathe. Obéryn qui a été capable de vaincre Théodore en tournoi pouvait-il vraiment se faire tenir en respect par un Rainier fou de chagrin ? Que s?est passé dans le laps de temps ou Obéryn a été sonné par un mauvais coup à la tête ? Pourquoi Agathe Shieldheart devait-elle périr ?

Il me sera plus facile de passer outre les mensonges qui entourent chacun de nos pas en donnant l?image d?un frère meurtri dans sa chair et soumis à un accès de colère par vengeance.

J?entrevois des regards gênés entre Théodore et Obéryn, comme s?il y?avait autre chose que l?image d?Agathe dans leur esprit. Il faudra que je découvre ce qu?ils me cachent?
Le fils Martell est ferré, au prix de la vie écourtée de Rainier, dont le corps git en travers d?un cheval pour être ramené à Lhesper.

Nous retrouvons plus tard Aryon qui apprend ce qui s?est passé. Pour faire taire Chaka dont je redoutes les sorties hasardeuses en présence d?un auditoire, rassurer Aryon sur mon sang-froid mais aussi pour prévenir un départ de Ténaris pour qui chaque vie humaine a de la valeur, je suis contraint de leur expliquer en privé les raisons de mon geste. D?abord perplexe, ils conviennent que le sort de Rainier était effectivement déjà scellé?
Quand à Chaka, je pense qu?en vérité, il se moque d?un mort de plus ou moins et avait plutôt plein de questions à poser à Rainier. Je pense de plus en plus qu?il veut garder le contrôle sur nos réactions et attend que chacune de nos décisions lui soit soumise. Ses mots deviennent cassants et ses commentaires sur le corps inanimé d?Agathe revêtent une froideur très déplacée.

Que sais-je vraiment de lui ? Est-il un problème? Est-il le problème, l?origine de tous nos maux, un corbeau de mauvaise augure? L?espace d?un instant, je me vois faire disparaître son arrogant sourire d?un coup d?estoc qu?il n?aura même pas le temps de voir venir. Mais en lieu et place, je lui réponds d?un sourire amer que je lui prédis un « avenir radieux ».

En m?éloignant, impassible, je regarde ma main et me fustige de la voir trembler.

Agathe, je suis désolé?

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Revenus à notre ambassade, je fais rédiger à Chaka plusieurs lettres. Certaines en réponse aux messages de condoléances reçus dont une plus élaborée pour rencontrer prochainement la matriarche Maerildarraine et une à l'attention de Charles Guirpegui relatant les faits tels que nous voulons les retenir. Je fais ajouter au mage quelques formules de politesse concernant la discrétion dont les familles Shieldheart et Martell souhaitent faire preuve pour ne pas entacher la renommée des d'Abancourt par le coup de folie du fils Rainier qui a couté la vie d'une mariée qui venait de se placer sous la bénédiction du culte d'Asharalon et qui alla jusqu'à refuser de se rendre. J'ai bonne confiance sur le fait que mon "ami" ministre de la justice ne ressentira pas le besoin de faire procéder à une enquête, surtout mêlant trois nobles familles de l'empire.
Je n'omets pas de voir individuellement en présence de Chaka assis dans l'ombre, les quelques soldats présents durant la chasse pour m'assurer qu'ils ont bien compris que quoi qu'ils aient cru voir, seul le récit des nobles présents est recevable... à moins qu'il aient le projet de faire courir le bruit que les fils Shieldheart et Oberyn Martell sont des menteurs, affront que nous serions obligés de laver. L'avertissement est très clair et l'infidélité est passible de mort. Une fois seuls avec le mage, je vois passer sur son visage un furtif sourire : il sait bien que la recommandation s'applique également à lui tout comme ma générosité n'est jamais gratuite...

En privé, notre père réprouve l'issue de la poursuite du fugitif et me tance au sujet de l'idylle secrète qu'entretenait ma soeur avec Rainier d'Abancourt. Ça recommence, la recherche d'un bouc-émissaire... Je jettes un coup d'oeil a Théodore - décidement peu discret - qui marmonne une excuse avant de sortir. Je connais ce regard, il préfère battre en retraite plutôt que de s'opposer à Père a qui je rétorques sans tact qu'il s'agissait d'une amourette antérieure de jeune femme en rien répréhensible comme pourrait être le fait de tromper le lit conjugual.

Nous en restons là pour le moment pour les mots qui fâchent. Nous convenons de faire porter le corps de Rainier à l'ambassade d'Abancourt. Je sais que Chaka aimerait faire interroger la dépouille par Aragnel mais je ne sais pas s'il en aura le temps. Le prêtre est déjà occupé a contacter l'âme d'Agathe - en vain - et je dispose de peu de temps pour maquiller le coup d'estoc que j'ai porté dans le flan de Rainier. Ayant fait porter le corps a l'écart des regards, j'ajoutes quelques blessures de taille avec une dague pour simuler la lutte évoquée.

Le lendemain matin, nous recevons une délégation Martel afin de statuer sur le quantième matrimoniale... Au delà des conventions protocolaires qui occupent les scribes et greffiers, la vraie négociation se fait en très petit comité. Curieusement, Barathéon cède trop facilement du patrimoine a Oberyn, devant un Theodore qui ne trouve curieusement rien a y redire. Je tente d'intervenir pour limiter les pertes mais je comprends rapidement que les dés sont pipés et laisse donc le jeu de dupes continuer pour mieux comprendre ce qui ce trame. Il faut savoir perdre parfois...

Raccompagnant Oberyn, je ne laisse rien paraitre de mes soupçons et, m'appuyant sur notre curieuse et muette relation forgé dans le sang, le retient pour boire un verre et trinquer à "la famille". Une fois seul avec mon père, j'apprends après l'avoir mis en défaut sur les contradictions de ses explications, qu'il y'aurait une dette envers Oberyn.

Nous reprenons la route vers nos domaines de Kormul. Travaillant de près mon frère, je découvre qu'il serait a l'origine de la dette en question. Étrange... Je fais le choix de partager ces découvertes avec mes compagnons et confie a Chaka la mission de rechercher ce qui pourrait lier mon frère a Oberyn. Mais voilà que le mage frappé de je ne sais quelle lubie dédaigne cette tache et me jette à la figure que mon ignorance de ces choses auraient couté la vie d'Agathe. Je choisis de ne pas relever -pour l'instant- ces très désobligeants propos qui justifierais de le fouetter et m'écartes de ce fou car le convoi Shieldheart n'est pas propice aux échanges déplaisants de notre groupe. Pour ne pas éveiller de soupçon sur notre curieuse assemblée, j'ai expliqué rapidement qu'Aryon nous accompagnait pour représenter les Martell a la cérémonie d'adieu a Agathe et que Tenaris restait près de moi comme allié -et pour éviter que d'autres que nous mettent la main sur le potentiel culturel, artisanal et humain de la vaste tribu du Lion-.

J'ai récupéré directement de Klaus les affaires d'Agathe et le fait rester à Lhesper pour continuer a fouiner. Rien de particulier sur les vêtements de ma soeur, néanmoins il est important que personne ne se soit servi dans ses effets personnels. Agathe, tu seras enterré avec le symbole d'Heaum et le pendentif de vigueur que t'avais donné mère. Ton épée aussi pour te battre outre-tombe. Pour le reste, je dois y réfléchir...

La cérémonie sera rapidement expédié dans une ambiance morne et lourde. Même Aragnel accuse le coup.

Nous allons devoir nous mettre désormais en route : retrouver le druide hiérophante pour atteindre une énigmatique somité et Tatbuyug, le taciturne compagnon de Ténaris.
Je ne sais pas si Aragnel pourra retenter de converser avec l'âme d'Agathe assez tôt pour se joindre à nous. Plus probable qu'il reste veiller a Kormul pour apporter du soutien a l'ensemble de la maisonnée, sérieusement choquée.

Avant de partir, nous conversons avec lui sur quelques points a aborder. Je vois qu'il attends le moment opportun pour me parler en privé mais je ne lui en donnes pas l'occasion.

Les ténèbres gagnent du terrain.

"Ma mère j'implore votre pardon, rouges sont mes mains
La vie a ses démons qui font de moi un orphelin
Une histoire fatale, trop de larmes ont coulé
Mon destin en effet est immuable, mon âme noyée
Tu ne tueras point, aimeras ton prochain
Résonnent dans ma tête les commandements divins
Et ce long couloir qui n'en finit pas
J'avance dans le noir, il ne me reste que quelques pas"

Dabatchazz' - Le grand pardon

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